Interviewed

Id 142  
Id (Identifiant) 2012-EGG-RU-0001-SMILINGUIS
First name of interviewed (Prénom de l’interviewé) Anatolij  
Last Name of interviewed (Nom de l’interviewé) Smilinguis  
Last Name of interviewed father (Nom du père de l'interviewé)  
First name of interviewed cyrillic script (Prénom de l’interviewé en cyrillique)  
Last Name of interviewed cyrillic script (Nom de l’interviewé en cyrillique)  
Last Name of interviewed father cyrillic (Nom du père de l'interviewé en cyrillique)  
Locality Корткерос
Birthdate (date de naissance) 1927-10-04
Place of birth (Lieu de naissance) Plungė
Biography of interviewed (Biographie de l’interviewé)
Biography of interviewed in French (Biographie de l’interviewé en français) Anatolij est né le 4 octobre 1927 à Plunge, en Lituanie. Ses parents étaient enseignants, son père était directeur d’école, mais aussi président d’un parti local nationaliste. Ils sont déportés le 14 juin 1941. Le père est placé dans un autre train. Ils ne le reverront jamais (il est officiellement mort en 1942). Anatolij a donc 14 ans, il se retrouve avec sa mère et sa petite sœur Rita. Ils sont débarqués à Kotlas où le voyage se poursuit en barges. Puis par camionnette, ils rejoignent leur destination finale: le Vtoroj ucastok, un camp de la veille transformé en village spécial. Sa mère se trouve un travail au chaud, dans les bains publics, tandis qu’Anatolij travaille en forêt comme marqueur. Il note les mesures des rondins. Au départ, ils ont encore des provisions, mais très vite, à l’hiver 1942, les choses se gâtent et la famine s’installe. De nouveaux contingents arrivent: des Chinois, des Iraniens. Si bien qu’Anatolij apprendra le chinois avant le russe. Tous font preuve de solidarité entre eux. Anatolij commence à gonfler à cause de la faim, il atteint le stade d'un épuisé par la faim, frôle la mort, puis est sauvé grâce à un seau d’airelles qu’on lui donne par pitié. Il s’en sort de justesse. Il reprend aussitôt le travail en forêt. Il déménage au village spécial de Sobino en 1943, puis après la guerre travaille à l’exploitation forestière de Negakeros. Il tombe malade du typhus à cause d’une épidémie apportée par les nouveaux déportés d’Ukraine occidentale. En 1949, il se retrouve à l’hôpital de Kortkeros. Grâce à un autre déporté, chirurgien militaire, qu’Anatolij avait aidé par le passé, il arrive à s’embaucher comme économe à l’hôpital. Mais il n’a qu’une seule envie: retourner en forêt. Son amour de la forêt est tel qu’il commence dès le début des années 50 à organiser des excursions avec des enfants, la plupart d’entre eux étaient fils de membres du Parti de tous les échelons. Il les emmène sur les traces des anciens camps et des cimetières, ce qui est à l’époque interdit. Anatolij se demande encore comment on a pu lui confier ces enfants alors qu’il était lui-même encore enregistré sur le registre des déplacés spéciaux. Avant son départ pour Kortkeros, Anatolij accompagne sa sœur à l’embarcadère de Kortkeros, d’où les enfants polonais étaient renvoyés chez eux. Elle a fui et rejoint la Lituanie. Pendant deux ou trois ans, elle s’est cachée. Plus tard, au moment de la chute de l’URSS, elle a fait partie du mouvement indépendantiste lituanien et a côtoyé les grandes figures de ce mouvement. Elle vit aujourd’hui en Lituanie. Après la mort de Staline, Anatolij correspond avec un oncle exilé aux USA, ce dernier lui envoie des colis avec des vivres, qui sont soigneusement fouillés par le NKVD. C’était avant sa libération en 1955, date à laquelle Anatolij reçoit une attestation de la république de Lituanie comme quoi il est radié des registres spéciaux, ainsi qu’un passeport mais avec restriction de déplacement dans les frontières de la République Komi. Les autres Lituaniens n’ont été libérés et n’ont reçu leur passeport qu’un an plus tard. Il n’y a pas eu de retour massif des Lituaniens, les retours se sont faits au compte-goutte. Anatolij a toujours repoussé son départ. Il était passionné par son travail, les compétitions et randonnées avec les enfants lui avaient apporté une reconnaissance sociale et il n’avait pas envie de quitter cela pour l’inconnu, bien que sa sœur l’ait toujours poussé à revenir en Lituanie. Il a néanmoins fait les démarches pour avoir la citoyenneté lituanienne (il a la double nationalité) afin d’obtenir un appartement en dédommagement (il l’a reçu à la fin des années 1990 grâce à sa sœur). Il a aussi touché des indemnités en Russie qu’il a plus tard refusées en faveur des allocations versées en Lituanie, plus intéressantes. Anatolij œuvre aujourd’hui pour le travail de mémoire et le tourisme mémoriel dont il est en quelque sorte le fondateur dans cette région. Il a d’importantes archives et a même organisé depuis une dizaine d’année une commémoration qui se tient chaque année le 14 juin, date de la 1ère déportation des Lituaniens, à l’ancien village spécial de Vtoroj Ucastok, près de la croix érigée en la mémoire des déportés. Les anciens déplacés spéciaux, toutes origines confondues, se retrouvent chaque année pour assister à cette commémoration.  
Home language (Langue d’usage de l’interviewé) LT
Publisher CERCEC/RFI  
Copyright (copyright) RFI/CERCEC
Deportation (Déportation)
Access Right (Droits d'accès) Public
Mother tongue (Langue maternelle) LT  
Citizenship at birth (citoyenneté à la naissance) Lietuva  
Citizenship at the time of the deportation (citoyenneté au moment de la déportation) Lietuva  
Father occupation (Profession du père) Teacher  
Mother occupation (profession de la mère) Teacher  
Date of first deportation - Start - (date de la première deportation) 1941-06-14  
Date of first deportation - End - (date de la première deportation) 0000-00-00  
Work in deportation (Travail en déportation) Works in the forest, in a hospital later.  
Date of first liberation - Start - (date de la première libération) 1955-00-00  
Date of first liberation - End - (date de la première libération) 0000-00-00  
Occupation after return (Premier emploi au retour)  
Other interviews (Autres interviews)  
Written memories (Mémoires)  
Comments (Commentaires)  
Type Of Settlement Special settlements